Les étudiants se font un Mco
Avant leur nouvelle AG aujourd'hui au stade Rebeilleau, les étudiants anti-CPE ont rendu visite hier matin au casting de la Star Academy. L'après-midi, ils ont bombardé d'oeufs et de papier toilette un restaurant McDonald's proche du campus de Poitiers.
Après les actions et les manifestations qui ont rythmé la semine dernière, et avant la nouvelle assemblée générale qui se déoulera aujourd'hui à 13h au stade Rebeilleau les étudiants poitevins opposés au CPE se sont offerts hier deux visites symboliques.
Le matin, une vingtaine d'entre eux s'est ainsi invitée quelques instants au casting de la Star Academy qui se déroulait sur le site du Futuroscope. Puis l'après-midi, 200 à 250 étudiants se sont retrouvés sur le parvis de l'amphi J, au coeur du campus, prêts à ejoindre à pied le restaurant McDonald's distant de quelques dizaines de mètres.
Pour cette nouvelle opération, les anti-CPE avaient fait le plein de sacs de farine, de barquettes d'oeufs, de papier hygiénique et de sirop de grenadine.
"C'est le symbole de la main d'oeuvre jetable et consommable à merci!"
De quoi confectionner des munitions en prévision d'un pilonnage en règle de l'établissement.
A 15h15, la tête de la cohorte arrive en vue de l'objectif. Donnant le signal de l'offensive Julien Vialard, l'une des figues marquantes de la cordination, déploie une banderole de fortune: "McDo et CPE: futures bons amis". Le bombardement du McDo peut débuter. Feu à volonté sur Ronaldland. Les sacs de farines et les oeufs pleuvent sur les vitrines. Les rouleaux de papier toilette gorgés de sirop sucré prennent le relais et s'abattent sur le bâtiment. Durant une quinzaine de minutes, le fast-food subit la mitraille de l'armada estudiantine. Une enseigne dédiée au nouveau jeu McDo fait les frais de l'offensive. Sa maigre capacité de plastique n'a pas résisté à deux des obus.
"Les étudiants, c'est du pain béni pour McDo. McDo c'est le symbole de la main d'oeuvre jetable et consommable à merci! Si demain le CPE n'est pas retiré McDo sera le premier utilisateur du CPE", explique Julien Vialard à l'issue de cette "petite dédicace".
"Je ne comprends pas pourquoi les étudiants s'en sont pris à nous alors que les trois quarts de nos employés sont des étudiants en CDI", commente de son côté José Gomes, le patron du restaurant. "C'est sans doute leur façon à eux de montrer leur désarroi", poursuit le "superviseur" à son retour du commissariat de police de Poitiers où il vient de déposer une plainte.
Après l'AG qui se prononcera aujourd'hui sur la poursuite du blocus de l'université, les étudiants mèneront sans nul doute une nouvelle action symbolique. lors que les IUT de Poitiers viennent de rejoindre le mouvement de blocus Julien Vialard estime que "ce n'est pas le moment de relâcher l'effort car on sent que le gouvernement commence à fléchir et cherche une porte de sortie". Un sentiment largement partagé chez les anti-CPE.
Jean-Jacques ALLEVI
L'IUT installé dans le blocus
Réunis en assemblée générale dans deux amphithéâtres archibondés, les étudiants de l'institut universitaire de technologie (IUT) de Poitiers ont confirmé hier matin leur entrée dans le mouvement anti-CPE. Adopté vendredi matin en AG, le principe du blocus de l'IUT a été massivement reconduit hier en fin de matinée: 319 étudiants se sont ainsi prononcés pour le blocus total; 42 pour le blocus partiel; 94 contre le blocus alors que 9 des 464 votants se sont abstenus.
Auparavant, durant une bonne heure, les "iutiens" avaient débattu de l'opportunité du blocage. Une question d'autant plus aiguë que le régime des IUT est, à la différence de celui des unités de formations et de recherches (UFR) essentiellement fondé sur un très scolaire contrôle continu. "A l'IUT, on n'a le droit de redoubler qu'une fois. Qu'est-ce qui va se passer si le blocus dure", s'inquiète un étudiant. Réponse d'un membre de la coordination: "Avec le mouvement actuel, vous croyez qu'ils vont faire redoubler tout le monde?"
Inscrit en 1ère année de génie mécanique, David Guignon qui, du bas l'amphi anime l'une des deux AG, se démène pour convaincre. "Ce n'est pas maitenant qu'il faut se démobiliser. on fera tout pour vous pénaliser le moins possible. Le gouvernement va finir par lâcher. Le blocus ne durera pas longtemps". Présent depuis le matin, Thomas Regdosz, un des membres de la coordination étudiante exhorte à son tour les "iutiens": "Ca vaut le coup de se battre pour notre avenir proche, pour celui de nos enfants et pour celui de nos petits enfants". Peu avant l'organisation du vote, David Guignon rassure encore: "le blocus sera filtrant pour les 2èmes années pour aller en TP et en partiels."
Le blocus voté hier matin sera à nouveau discuté en AG mercredi matin.
J-J. A.
La Nouvelle République, Mardi 21 Mars 2006.
SOCIAL
POITIERS
Nouvelle action des étudiants anti-CPE
Le McDo pris pour cible
Les étudiants hostiles au CPE ne décolèrent pas. Un McDo a été bombardé hier d'oeufs et de farine.
PLUSIEURS centaines de rouleaux de papiers toilette, une cinquantaine de paquets de farine, une centaine d'oeufs, une dizaine de bouteille de sirop et un dizaine de bouteilles d'eau.
Non, les 250 étudiants n'ont pas l'intention d'inscrire leurs noms au livre des records du plus grand nombre de crêpes jamais réalisées. L'objectif est tout autre: bombarder le McDo, avenue du 11-Novembre à Poitiers, devenu au fil des manifestations hexagonales le symbole des récriminations et du travail précaire pour les étudiants.
Partis depuis le campus à coups de solgans ("Partage des richesses, partage du temps de travail, sinon ça va péter!"), le cortège descend l'avenue du Recteur-Pineau puis se positionnent devant le fast-food. Deux étudiants déroulent une banderole: "McDo et CPE, futurs bons amis." S'en suit un bombardement en rangs serrés. A 15h15, le fast-food est littéralement mitraillé d'oeufs, arrosée de mélange d'eau et de sirop de grenadine et recouvert de farine.
Cinq motards de la police, postés à proximité depuis la route, observent sans intervenir. Des consignes? Les tuiles du toit sont maculées de poudre blanche et de jaunes d'oeufs, le sol est jonché de dizaines de rouleaux et les vitres sont souillées de papiers toilette mouillés avec lesquels il a été écrit: "Non à la loi Fillon et à la réduction des postes au CAPES". Une étudiante s'exclame au téléphone: "Tu devrais voir ça, c'est énorme!"
Tellement énorme qu'un responsable du fast-food vient à la rencontre des jeunes assaillants sous les jets incessants de projectiles: "Ce que vous faites là, n'est ni plus ni moins que de la dégradation, peste-il. McDo n'est pas concerné par le CPE. Nous sommes une grosse entreprise qui avons plus de vingt salariés." En aparté, un porte-parole du mouvement explique cette action symbolique: "Nous ne sommes pas là pour dégrader. Nous ne sommes pas des casseurs. Le McDo est un symbole de la précarité. Si le gouvernement persiste, la France pourrait alors plonger dans une crise grave."
Denys Frétier
Le fast-food porte plaine
La direction de McDo a annoncé déposer plainte: "S'il n'y avait pas eu de casse, nous n'aurions pas porté plaine. Mais l'enseigne "Ronaldland" (figurine) a reçu trois impacts et a été trouée", explique une responsable. Le fast-food a fait appel à une entreprise privée pour nettoyer ce qui a été souillé.
POITIERS- Pour la reprise des cours
Lettre ouverte au président de l'université
"LE mouvement étudiant pour la reprise des cours" a rédugé hier une lettre ouverte au président de l'université de Poitiers.
Ce mouvement, qui jusqu'à présent n'a pas été reçu par le président Gesson, regroupe des étudiants excédés par le blocus de leurs facultés "liberticide et inacceptable". Fort de près de 700 signatures pour la reprise des cours, ce collectif s'adresse à Jean-Pierre Gesson: "Nous vous demandons de prendre vos responsabilités et de déclarer l'urgence de la reprise des cours". Reprise des cours et du dialogue car ces étudiants ne sont pas contre le CPE pour autant. "En tant qu'étudiants, nous comprenons leurs revendications et respectons leur droit de faire la grève, mais nous n'acceptions pas qu'ils nous empêchent d'étudier dans des conditions sereines".
Ce mouvement né en droit touche plusieurs autres facultés. Indépendant et apolitique, "nous n'avons rien à voir avec l'UNI," se défend Maxime Rolland, un des porte-parole. Une assemblée générale des anti-blocus est même prévue en faculté de géographie ce matin, et pas question d'y participer explique-t-il si elle est noyautée par un parti ou un syndicat pro-CPE. "Nous dénonçons également le nombre dérisoire de participants aux AG par rapport à la totalité des étudiants inscrits à l'université."
Beaucoup d'étudiants privés de cours sont rentrés chez eux et craignent que ce mois de grève les pénalise gravement. Si les examens de fin d'année sont reportés en juin et le rattrapge fin août, la poursuite de la grève posera des problèmes à ceux qui ont des contrats de travail pour financer leurs études, ceux qui ont résilié leur bail. Sans oublier, les concours de la fonction publique, les dossiers d'étude pour l'étranger et les étudiants étrangers venus dans le cadre d'Erasmus.
Les étudiants contre le blocus refusent le recours à la violence et l'appel aux forces de l'ordre pour régler le conflit.
Nouvelle AG à Rébeilleau
Aujourd'hui à 13 heures aura lieu une nouvelle assemblée générale du mouvement étudiant au stade Rébeilleau. Les débats devraient être suivi d'un vote pour ou contre le blocus des cours.
Centre Presse, Mardi 21 Mars 2006.