Poitiers s'est retrouvée, samedi matin, envahie par plusieurs milliers de personnes, appartenant à des milieux socioprofessionnels très différents, pour un dernier avertissement....
Dominique de Villepin vient de faire la démonstration qu'il est capable de mobiliser. Contre lui. Samedi matin, à Poitiers, près de 10.000 manifestants ont battu le pavé pour que le chef du gouvernment retire le contrat premier embauche (CPE) et le contrat nouvelle embauche (CNE) sous peine de sanctions immédiates. Economiques, d'abord, avec la menace d'une grève générale sur l'ensemble du pays; électorales ensuite avec l'échéance de 2007.
Dans ce long cortège parti de la porte de Paris à destination de la place Leclerc, via la préfecture, on pouvait lire la détermination sur les visages des manifestants qui sont restés cependant calmes. Sans un regard pour la quarantaine (visible) de fonctionnaires de police en faction en tenue de combat, devant la gare. Sans une halte devant le symbole du pouvoir concentré que représente la préfecture.
Le message que Villepin doit entendre
Qu'ils soient avocats, médecins, ouvriers, fonctionnaires, étudiants - ce sont d'ailleurs eux (environ un millier) qui ont conduit la manifestation - , ils sont venus, le plus souvent en famille, défendre l'avenir de leurs enfants: "C'est pour eux que nous sommes là, et aussi pour tous les autres, témoigne Gloria, enseignante, c'est un sentiment de solidarité."
La force de la rue, la force des masses: c'est le message que Villepin "doit entendre", lance un syndicaliste. Remontés jusqu'au prochain rendez-vous, les manifestants de samedi ne "lâcheront pas", assure ce père de quatre enfants. A Poitiers, la machine à mobiliser s'est mise en route pour défendre "un choix de société".
Sans désordre, sans casse et avec dignité les milliers de citoyens qui ont répondu, samedi au mot d'ordre de l'intersyndicale (1), viennent de rappeler que la "rue peut décider ce qui est bien pour le peuple".
Didier MONTEIL
(1) FO, CFDT, CFTC, CGT, CNT, FSU, Solidaires, UNSA, UNEF, le syndicat des avocats de France.
La Nouvelle République, Lundi 20 Mars 2006.
SOCIAL
MOUVEMENT ANTI-CPE - Nouvelle démonstration de force samedi matin où plusieurs milliers de personnes ont défilé de la Porte de Paris à la place Leclerc à Poitiers.
8000 à 10000 samedi !
SOCIAL
Retrait du CPE: réunion publique
Le collectif 86 pour le retrait du CPE invite dans un communiqué, tous les citoyens intéressés, les syndicats, associations et partis politiques à une réunion publique ce lundi soir à la Maison du Peuple, salle Timbaud (rue Saint-Paul) à 20h30 à Poitiers, "pour renforcer la mobilisation pour le retrait du CPE, pour la restitution des postes aux concours de l'enseignement et contre le loi Fillon". Engagé depuis plusieurs semaines aux côtés de la coordination étudiante et lycéenne et des syndicats de salariés, le collectif entend contribuer "à l'amplification de la dynamique unitaire qui s'est progressivement mise en place et offrir aux personnes isolées la possibilité d'apporter leur propre contribution. Au démarrage d'une semaine décisive pour la réussite du mouvement, il s'agit de mettre partout en débat la question d'une grève interprofessionnelle associant étudiants, lycéens et salariés".
Parti socialiste: "Retirer le CPE-CNE"
Dans un communiqué, les socialistes de la Vienne se félicitent de l'ampleur de la manifestation de samedi, à laquelle ils ont été nombreux à prendre part. "Des milliers d'habitants de la Vienne, salariés, professions libérales, parents d'élèves, ont rejoint les jeunes dans leur mouvement contre le CPE et le CNE" souligne son 1er secrétaire fédéral Jean-François Macaire. "L'immense majorité des Français souhaite ce retrait. Face au mépris gouvernemental, la résistance opposée par les jeunes Poitevins est remarquable. Il appartient aux organisations syndicales et aux coordinations étudiantes, qui ont montré leur maturité, de décider des modalités de la poursuite du mouvement." Le PS met en garde "la droite contre la tentation de laisser les tensions s'exacerber, au risque de susciter des violences. Si cétait le cas, le gouvernement porterait là une lourde responsabilité. La seule solution est de retirer immédiatement le CPE et le CNE et d'ouvrir un débat sur les questions de l'emploi, notament celui des jeunes, de la lutte contre la précarité et de la juste redistribution des richesses dans le pays".
Centre Presse, Lundi 20 Mars 2006.
France 2, 20H, Béatrice Schonberg, Samedi 18 Mars 2006.