Les étudiants gardent le mouvement
Le mouvement étudiant contre le CPE a des difficultés à trouver un lieu pour ses AG. Aujourd'hui, Poitiers accueillera la coordination nationale à l'amphi J.
Hier, la mairie leur avait monté deux petites estrades sur le parking du parc des expositions pour l'assemblée générale du mouvement contre le CPE. A l'évidence, ça n'a pas suffi. "On n'est pas des chiens!" C'était le coup de gueule en clin d'oeil aux canins dont c'est le Salon ce week end aux arènes.
Hier, du côté des manifestants, c'est la crise du logement. Les étudiants ont dû se rabattre sur un amphi trop exigu.
Force est de constater que le mouvement ne s'est pas essoufflé. "Mais il faut qu'on nous aide à trouver un lieu qui soit à la fois pratique, proche du campus et qui puisse accueillir beaucoup de monde à la fois, lance Julien Vialard, en voyant les étudiants arriver par vagues. On regrette les tribunes du stade Rebeilleau".
Les étudiants ont revoté le blocus jusqu'au 14 mars
Hier matin, lors de l'AG, les étudiants ont revoté le blocus jusqu'au mardi 14 mars. Aujourd'hui, la coordination nationale se réunit à Poitiers, amphi J, de 14h à minuit. 250 étudiants sont attendus. Ils représenteront les 47 universités bloqués ou en mouvement.
A noter: la coordination étudiante et la coordination lycéenne de Poitiers tiennent à dire qu'elles condamnent les débordements qui ont eu lieu à Aliénor d'Aquitaine.
Une semaine chargée
- Lundi 13 mars, 10h: AG étudiante. Lieu à définir; à 14h, CA des membres du personnel de l'université, Hôtel Pinet.
- Mardi 14 mars, 13h: AG et vote pour une autre reconduction du blocus.
- Jeudi 16 mars: appel à la grève générale, publique et privée.
- Samedi 18 mars: journée nationale de manifestation contre le CPE.
Catherine MELLIER
La Nouvelle République, Samedi 11 Mars 2006.
UNIVERSITE
MANIFESTATIONS
L'AG d'hier a voté très largement la poursuite du mouvement de protestation.
Le blocus est maintenu
Comme dans 47 facs en France - 11 selon le ministère, les étudiants continuent d'être majoritairement en faveur de la grève générale des cours. Hier, 674 d'entre eux se sont prononcés pour le maintien du blocus contre 329 qui sont d'avis contraire.
PAS question de se démobiliser au moment où, l'échelle national, le mouvement étudiant prend de l'ampleur au point d'installer le blocus des cours dans quarante-sept villes universitaires. Un chiffre, toutefois en total décalage avec celui du ministère qui n'en compte que onze. Hier, au cours de l'assemblée générale, les différents avis sur la question se sont exprimés tant à la tribune que dans la salle. Sans relents politico-syndicaux.
Contrairement à ce qui se passe par exemple à Paris (Jussieu, Tolbiac), les leaders veulent garder l'indépendance, laissant ostensiblement leur éventuelle étiquette au vestiaire.
"Je ne veux pas perdre un mois de salaire d'été"
Ce mouvement, traduisent les étudiants poitevins, est une action contre des choix de société et contre des des options vis-à-vis de l'enseignement. Clairement, ils disent non à la loi Fillon, non au projet de loi visant à instaurer le CPE et le CNE, non à la réduction des restrictions des postes mis en jeu aux concours de l'Education nationale.
"Pour la première fois depuis 2002, nous sommes capables de faire plier le gouvernement comme on le voit au travers des cafouillages qui se font jour dans la majorité." Le message aura été entendu à la sortie ou un large consensus s'est dessiné en faveur de la poursuite du blocus. Il faut dire que les leaders n'ont pas lésiné sur l'argumentation à la veille d'accueillir la coordination nationale "qui va peser d'un grand poids". "Mobilisez-vous et entraînez vos amis pour qu'on soit à la hauteur de l'évènement", ont enjoint Julien Vialard et ses pairs, ajoutant: "Soyez dignes de la réputation que nous font les médias, sachant que si nous laissons le soufflé retomber, ils ne se feront pas faute de nous épingler."
Cet excès de volontarisme s'explique par la tiédeur que les meneurs ont cru déceler la veille, laissant aux lycéens le leadership de l'opération Porte de Paris. "Où sont-ils les pro-blocus quand il s'agit de manifester sous la pluie devant la préfecture?", entend-on. "Moi, je n'ai pas les moyens de perdre un mois de salaire d'été si les examens ne sont organisés qu'en juillet", susurre une petite voix féminine dans le fond de la salle. Traduction: les moins nantis seront les plus pénalisés au final. On lui rétorque que "ça vaut quand même la peine de se sacrifier trois semaines quand une vie de merdre nous attend au vu de ce que prépare le gouvernement".
Les profs avec eux
Et puis il faut profiter du fait que "les profs sont avec nous", comme l'ont précisé deux enseignants montés à la tribune. "Ce n'est pas le moment de faire machine arrière", tonne un intervenant. Sur la brèche les premiers, les étudiants de la fac de sport (STAPS) en ont un peu assez, mais continuent le combat. Ils ne comprendraient pas que les nouveaux ralliés baissent si vite pavillon. Cet après-midi, la coordination nationale tiendra conclave à Poitiers. Hier, quatre délégués, dont trois de la fac d'histoire, ont été désignés pour prendre place à la tribune et sept représentants se sont manifestés pour parler d'une seule voix. La plupart ont l'expérience des coordinations (Paris, Rennes...)
René Paillat
Centre Presse, Samedi 11 Mars 2006.