UNION ECONOMIQUE ET MONETAIRE
Un écu aussi fort que le mark
Les pays de la C.E.E., à l'exception de la Grande-Bretagne, vont s'efforcer de remplacer, avant la fin du siècle, leurs devises nationales par une monnaie unique: l'écu. Leur projet d'union économique et monétaire (U.E.M.) est, de loin, le dossier le plus avancé.
Depuis la signature du traité de Rome, en 1957 les progrès de la construction européenne et les modifications du contexte international ont mis en évidence la nécessite de définir et d'affirmer une identité monétaire de l'Europe. La mise en place, 1979, d'un système de taux de change stables, mais ajustable, entre les monnaies des pays de la Communauté (le système monétaire européen) a été le premier jalon concret vers l'U.E.M. Mais c'est le conseil européen de juin 1988 qui a pris la décision majeure, en chargeant un groupe de travail présidé par Jacques Delors d'étudier et de proposer les étapes devant mener à l'union économique.
Le rapport du "comité Delors" déposé en avril 1989 a été déterminant. Il a permis à onze Etats membres de la C.E.E. de se mettre rapidement d'accord sur les points essentiels d'un texte destiné à être intégré au traité de Rome. Soutenu par les milieux d'affaires, y compris britanniques, le projet d'U.E.M. prévoit trois étapes:
-La première, qui a commencé le 1er juillet 1990, permettra notamment la libéralisation des mouvements de capitaux;
-la deuxième débutera le 1er janvier 1994. C'est à cette date que les économies des Douze devront commencer à se rapprocher, en évitant les déficits publics excessifs. En même temps sera crée un institut monétaire européen, une institution à mi-chemin de l'actuel comité des gouverneurs des banques centrales et de la future banque centrale européenne, qui ne verra le jour qu'au début de la phase finale de l'U.E.M.
-Le 1er janvier 1997, au plus tôt, les Douze devront décider si les résultats acquis ont suffisamment préparé la Communauté à la création d'une monnaie unique, que l'Allemagne veut aussi fort que son deutschemark.
Des dérogations sont prévues pour les retardataires et une exemption a été accordée à la Grande-Bretagne. Celle-ci ne rejette pas la perspective de la monnaie unique, mais elle veut que la décision de l'adopter appartienne le moment venu, à son Parlement.
La Nouvelle République, Vendredi 6 Décembre 1991.
A titre informatif, sachez qu'en 1991, la France avait un déficit budgétaire représentant alors environ 2,5% de son PIB, ainsi qu'un dette publique d'environ 400 milliards d'euros 2010, soit 40% de son PIB. Etonnament, dans l'Allemagne fraîchement réunifiée de 1991, les pourcentages sont identiques. Les critères du Pacte de Stabilité et de Croissance ont cependant été rapidement bafouée par le couple franco-allemand, s'autorisant ainsi à dépasser le seuil de 3% de déficit budgétaire (rapporté au PIB), ainsi que la barre des 60% de dette publique.
Ainsi, selon Eurostat, en 2010, le déficit budgétaire français était de 7,9% et de 4,3% en Allemagne, tandis que les dettes publiques sont quasi identiques: 83,2% du PIB de l'Allemagne en 2010, contre contre 82,3% en France.
L'instabilité économique et monétaire du moment laisse à penser qu'un retour aux limites évoquées ci-dessus sera difficilement réalisable pour l'horizon 2015, d'autant plus si la croissance, l'un des buts du Marché Commun, ne revient pas en Europe.