UNIVERSITE
POITIERS - Les étudiants demandent toujours l'augmentation du nombre de postes au Capes ainsi que le retrait du CPE et CNE
Nous partîmes 1200 mais nous nous vîmes 120
Blocus quasi général des facs de Poitiers hier. Les étudiants mécontents des réformes du gouvernement étaient 1200 le matin en AG et à peine 120 l'après-midi même pur un sit-in devant la préfecture. Essoufflement du mouvement ou petite répétition avant LA manif annoncée cet après midi?
"Désolé mais il n'y a pas cours. On bloque pour demander le retrait du CPE et l'augmentation du nombre de postes au Capes", lance un étudiant à un autre qui souhaite rentrer dans l'amphi J de physique. "Vous ne croyez pas qu'il y a un problème? Quelle autorité avez-vous pour prendre de tels actes. Moi, je rentre...", lui rétorque-t-il.
Amphis paralysés
Des scènes commes celles-là n'étaient pas rares hier après-midi à l'entrée des différents amphis de Poitiers sur le campus. Le blocus des facs avait pourtant été décidé à la majorité quelques heures auparavant en assemblée générale. Sur les 1200 étudiants réunis dans le mythique amphi "jaune" de physique devenue au fil des ans le sanctuaire des étudiants grévistes, seuls 71 ont voté contre la paralysie des amphis et une vingtaine à peine s'est abstenue. Ragaillardis par cette majorité, les étudiants se sont donc positionnés aux entrées et sorties de toutes les facultés du campus (sauf celle de droit, à contre-courant par tradition): sports (accès obtrué par des bûches et des chaises), lettres et langues, psychologie, sciences humaines, sciences. Interdiction d'entrer. Sauf pour les étudiants étrangers et ceux qui sont en examens.
Bloquer, mobiliser
Au début, le blocus général a permis de grossir les rangs. Car l'objectif était de sensibiliser et de mobiliser le plus possible d'étudiants, qui n'étaient pas assez nombreux lors des manifestations au goût des leaders du mouvement. "C'est le seul moyen pour mobiliser les troupes car on nous dit qu'il était difficile d'aller manifester et en même temps d'aller en cours. Avec le blocus, tout le monde est dehors et peut manifester", indique l'un des porte-paroles du mouvement David Lucquiaud, étudiant en sport.
Les revendications sur le tableau insitaient d'ailleurs sur l'importance de la mobilisation: "Suppression de postes au Capes (professeurs des lycées et collèges) et CRPE (professeurs des écoles = instituteurs), CPE (Contrat première embauche) et CNE (Contrat nouvelle embauche), halte à la résignation: mobilisation".
Mais l'enthousiasme a progressivement laissé place au désenchantement. Le mouvement s'est délité, s'essouffle. De 1200 à l'AG, ils n'étaient plus que 120 pour faire le sit-in en fin d'après-midi devant la préfecture.
Aujourd'hui le jour J?
Emmanuel Rousselière, l'un des leaders du mouvement, parle d'un "petit raté" et promet un durcissement de l'action estudiantine aujourd'hui...avec des actions en centre-ville.
A l'approche des vacances, ce mardi de mobilisation s'anonce comme décisif quant à la viabilité du mouvement.
Denys Frétier
Centre Presse, Mardi 14 Février 2006.