Poitiers : Julien Vialard, force tranquille du mouvement
De notre rédaction de Poitiers
Etudiant en master d'histoire, Julien Vialard est l'une des figures de proue du mouvement étudiant poitevin. Il sera ce soir sur le plateau de France 2 qui propose à 20h50 une émission consacrée au CPE. Devenu en quelques semaines l'une des icônes des étudiants poitevins, le jeune homme aux cheveux longs est sollicité de toutes parts. Avec une insolente aisance, il enchaîne les interviews. Au micro de France Inter comme devant les caméras de TF1, LCI et France 2. Avant d'être présent ce soir sur le plateau de l'émission d'Arlette Chabot consacrée au CPE. Une omniprésence qui irrite. "Il a été recadré, il faut qu'il passe moins de temps avec les médias" commente Stéphane Séjourné, autre figure de la coordination.
Jugé trop impulsif par certains de ses camarades, Julien Vialard, 23 ans, cultive une farouche indépendance. "Je plonge mes racines à gauche et à l'extrême gauche. Mais je ne partage pas tout avec elles. Tout n'est pas bon à gauche, tout n'est pas auvais à droite", clame celui qui refuse de limiter la démocratie au seul droit de vote.
Passionné d'histoire religieuse, l'étudiant refuse de s'enfermer dans une quelconque chapelle. "Je ne veux pas une direction qui me dise ce qu'il faut penser. Je ne veux pas me travestir. Les syndicats et les partis n'ont pas le monopole de l'engagement politique."
A la tribune des AG, Julien le non-syndiqué membre du conseil d'administration de l'université, ne pard jamais une occasion de taper à bras raccourcis sur les syndicats. "Le mouvement sans étiquette de Poitiers est un modèle par rapport aux mouvements récupérés par l'UNEF et la Confédération étudiante. Dans les villes contrôlées par les syndicats, les AG ne dépassent pas les cent personnes!"
Lors de la venue de la coordination nationale des étudiants, le week-end dernier à Poiters, il a soigneusement pris soin de rester à l'écart des luttes fratricides et a réussi le tour de force de tenir tête à ceux qui voulaient faire main basse sur la tribune pour en chasser la majorité non-syndiquée.
De la même manière, il y a trois semaines le médiéviste a poliment éconduit Ségolène Royal qui serait bien venue prendre un bain de foule au milieu d'une AG. "Si on avait accepté, le mouvement se serait décrédibilisé."
La personnalité de Julien intéresse bien au-delà du campus. "Tout le monde cherche à me récupérer. Mais je les emmerde! Les jeux de tendances, les intérêts bureaucratiques offrent une image tellement pitoyable du syndicalisme et de la politique!" Lui préfère, et de très loin, le réseau associatif dans lequel il évolue.
"Il sait trouver les mots justes. il a une influence positive. il nous représente bien", estime Baptiste, étudiant en première année de droit. Guillaume, inscrit en première année d'AES complète l'élogieux tableau: "Il met ses convictions de côté. il est impartial. il donne envie de se mobiliser."
Jean-Jacques ALLEVI
La Nouvelle République, Jeudi 16 Mars 2006.
Centre Presse, Jeudi 16 Mars 2006.