La Nouvelle République, Samedi 26 Juin 1976.
Voilà, la fête du vélo dans l'Hexagone est déjà finie. Pour la 1ere fois depuis bien des années (pour ma part, je dirais 2003, le Tour du Centenaire), nous avons eu un beau Tour de France. Tout d'abord, il a été beaucoup moins émaillé que lors des 11 précédentes éditions d'affaires de dopage. Certes, sur le dit Armstrong, règne toujours la suspicion, du fait du déballage permanent de son ancien coéquipier Landis, piqué par la patrouille (et pas seulement...) quelques jours après la fin du Tour 2006.
Un beau Tour de France, c'est un duel, et enfin nous l'avons eu: la rivalité Contador Schelck (sur le vélo seulement) a rythmé cette 97eme édition. Un beau Tour de France, c'est un beau tracé et les organisateurs ont de nouveau réussi leur coup. Un beau Tour de France, c'est enfin l'instant cocorico: nos petits Français ont mis le nez dehors et ça a marché: bravo à Chavanel Casar Riblon Voekler et à Fédrigo, ainsi qu'à Charteau, qui a réussi son coup pour le maillot à pois: certes, ce n'est pas le meilleur grimpeur, mais ce fut le plus régulier à passer au sommet des bosses et des cols proposés sur ce Tour 2010. L'ombre bleue au tableau: le général, où l'on doit descendre à la 19eme position pour trouver le premier Français, John Gadret, un gars qui vient...du BMX. Il est certain, hélas, que l'on risque de ne pas voir de véritable prétendant à la victoire finale sur la Grande Boucle dans les années 2010, vu que pour le moment, nos coureurs sont à ranger dans la catégorie des baroudeurs, ce qui n'empêche pas de donner un certain charme au Tour, avec de belles et grandes épopées. Il n'y a plus qu'à espérer que Bernard Hinault, vainqueur en 1985, voit un succèsseur de son vivant, Fignon ayant frolé de peu l'exploit en 1989.
Concernant les leaders, il ne faut pas oublier que sans le saut de chaine de Schleck dans le Port de Balès, le Luxembourgeois serait...à égalité de temps (il a perdu 39 secondes dans la bataille) avec Contador. C'est un fait de course qui a profité à l'Espagnol, qui ne peut pas dire qu'il ne savait pas, les oreillettes permettant de tout savoir en temps réel. Schelck était le plus fort cette année, mais le plus malin, ce fut Contador, et c'est lui qui a gagné au final.
Coup de gueule de ma part contre les oreillettes, qui à mon sens, sont en train de tuer en douceur la noblesse de la course, et transforment les étapes en une partie d'échecs à distance entre les directeurs sportifs. Grâce à son prestige, seul le Tour de France peut se permettre d'imposer une interdiction des oreillettes, qui asseptisent le cyclisme, un sport pas comme les autres.
Peut-être que ce Tour a un peu manqué de spectacle, mais au moins, nous avons vu des choses réelles, et je pense que nous ne serons pas cocus dans quelques semaines, en apprenant qu'un gros poisson était chargé à bloc. Certes quand on dit "oui mais avant il y avait de la bagarre...", je rétorque: "oui mais avant il y avait du doping qui permettait de réaliser ces exploits". Et il est vrai que cette année, nous n'avons vu que peu de choses...hors du commun, que l'on pouvait voir...avant. Et c'est pas plus mal ainsi, de vivre le Tour tel qu'il doit être, et non pas comme il pourrait être réaliser en terme de puissance et d'efficacité de doping. Et depuis 1998, c'est un soulagement, même si personnellement, je conserve une nostalgie des images de mon enfance, des Tous des années 1990. Mais à l'époque, comme beaucoup, j'étais bercé par une certaine ignorance.
Maintenant, avec la tristesse de la fin du Tour, je ne pense qu'à une chose: à l'édition 2011 du Tour qui partira de la Vendée, empruntera le passage du Goix, et devrait par ailleurs offrir un somptueux festin dans les Alpes, pour le Centenaire du passage dans le Galibier.
Il n'y a plus qu'à espérer qu'un troisième loulou parvienne d'ici là à se hisser dans le combat qui opposera à course Schleck et Contador. Vivement Juillet 2011!