Un évènement attendu qui a mobilisé le Tout-Poitiers!

Logo de Centre Presse, Vendredi 22 Janvier 1965.

25ème anniversaire

Le Printemps se souvient...

Centre Presse, Jeudi 6 Septembre 1990.

Me baladant en guise de loisirs et aussi en profitant de mes derniers jours de vacances dans le mois de Septembre 1990, je suis tombé, par le plus grand des hasards, sur ce sujet.

Ca tombe bien, car en ce moment, c'est-à-dire en 2010, le Printemps est plus que jamais au coeur de l'actualité urbanistique de Poitiers. Et c'est ce qui est bien avec les archives de presse, c'est que, un peu comme lorsque l'on va à la pêche, on espère toujours ramener quelque chose, mais, à l'avance, on ne sait jamais ce que l'on aura dans sa musette.

Ni une, ni deux, j'ai pris mon courage à deux mains, et j'ai lancé ma Renault 30 interchronologique (oui, il faut trouver un véhicule français pour faire de la concurrence à la mythique DeLorean de Back To The Future) vers l'été 1965.

SEPTEMBRE 1965

Nous sommes dans la France du Général de Gaulle et dans le Poitiers de Pierre Vertadier. La France est au coeur des 30 Glorieuses et Poitiers se trouve en pleine mutation: la ville gagne près de 1000 habitants par an. L'expansion est permanente.

A la suite du grand incendie de 1961 qui ravagea le Printemps et Prisunic, un trou béant défigurait la Place Leclerc, jusqu'à ce qu'en 1965, soit lancé le chantier du Printemps qui devra franchir l'an 2000 et permettra au coeur de ville de pouvoir profiter d'un centre commercial moderne. Joseph Grimm est l'architecte de cet ensemble urbain, qui est reconnu pour sa modernité (plusieurs étages, escalators,...), et dont la sécurité (notamment anti-incendie) fut un critère important pour que le Printemps de Paris puisse revoir le jour à Poitiers.

En Une de Centre Presse, Mardi 7 Septembre 1965.

Amies lectrices, amis lecteurs du XXIème siècle, vous vous ne rendez pas compte de l'exploit que représente ces quelques mots en une du journal. En effet, jusque dans les années 1980, il était extrêmement rare que l'actualité locale puisse espérer occuper la Une du journal (idem chez la NR). D'où l'archive extraite et exposée ici: ce fut un évènement local important, qui a réussi à occuper quelques cm² de la Une, alors que le gros titre du jour, c'était le début de la guerre entre l'Inde et le Pakistan.

"Les habitants de Poitiers reconnaîtront que nous avons conçu et réalisé un ensemble digne de leur ville".

Pierre Laguionie, gérant du groupe Printemps-Prisunic, 6 Septembre 1965.

"Nous l'espérons, son ensemble agréable séduira". M. Laguionie.

LE TOUT-POITIERS

Le traditionnel découpage de ruban en présence de M. Laguionie, M. Deugnier (Préfet de Région) et de M. Grimm, l'architecte du Printemps de Poitiers.

Centre Presse, Mardi 7 Septembre 1965.

Centre Presse, Mercredi 8 Septembre 1965.

Premier jour, premiers soucis...

Centre Presse, Vendredi 10 Septembre 1965.

Le Printemps, depuis l'Hôtel de Ville de Poitiers, Jeudi 2 Septembre 2010, vers 14H.

Le temps a laissé beaucoup de traces sur l'oeuvre de Joseph Grimm: sur sa façade Est comme on peut le voir sur cette image, le bâtiment de 45 ans a beaucoup de rides...

Par ailleurs, retrouvez ici un petit mot de Monsieur Echo qui a apprécié ces archives...

Fini la rigolade à Poitiers!

02/09/2010 04:33

>Sens interdits. Francis Chalard a été ferme hier. Il s'est adressé aux Poitevins qui ne veulent pas entendre parler du nouveau plan de circulation et empruntent les rues en contre-sens. «La clémence envers les automobilistes qui sont en infraction est révolue. L'article R412.28 du code de la route prévoit un retrait de 4points sur le permis de conduire et une amende de 90€. Ce sera appliqué avec une extrême rigueur de jour comme de nuit.» Désormais, la police municipale est habilitée à dresser ce type de contravention.

[...]

Jean-François MINOT

Poitiers, rue de l'Université, Vendredi 3 Septembre 2010, vers 16H25. Un simple demi-tour pour la Modus, un PV pour le monospace...des Yvelines (78).

ADIEU L'OEUVRE DE PIERRE VERTADIER!

Le même sort sera-t-il réservé en 2050 pour les arbres qui seront plantés dans le cadre de Poitiers Coeur d'Agglo?

Poitiers, Place du Maréchal Leclerc, Mercredi 1er Septembre 2010, entre 9h49 et 10h23.

Poitiers, Place du Maréchal Leclerc, Mercredi 1er Septembre 2010 entre 15h04 et 15h19.

Je savais certes que tôt ou tard le changement se ferait du côté de la Place d'Armes, mais je ne pensais pas que cela aurait été si rapide. En me rendant de bon matin chez mon banquier, la photo n°1 indique la surprise à laquelle j'ai eu droit, à savoir, le zigouillage des arbres de la place de l'Hôtel de Ville.

Ce sont, ou plutôt, c'étaient des tilleuls, plantés dans les années 1970-1971, étaient semble-t-il malades. Bon, je ne suis pas docteur en arbre, mais je les trouvais plutôt bien portant pour des malades, mais bon, peut-être que cela peut aider à faire passer la pillule de la phase de découpage, et accéssoirement calmer le courroux (coucou) des écolos. Cela dit, cela n'a pas empéché quelques gens de s'émouvoir (un brin de tristesse en voyant ces ravages et aussi de nostalgie, car ils les ont toujours connu, les résidents de Poitiers depuis les années 1970), tandis que d'autres n'hésitaient pas à se révolter en criant aux travailleurs de la Place d'Armes: "Assassins!", ou encore un courageux "C'est une honte!", tout en traçant leur chemin. Dommage que personne n'ait eu la fibre héroïque pour exprimer ce propos philosophique contemporaire du penseur...Marchais: "C'est un scandale!".

Bref, l'oeuvre de Monsieur Vertadier (comme l'évoque à chaque fois Jacques Santrot), date des années 1970-1971, et fut révolutionnaire à l'époque: l'ouverture du parking Carnot a permis à l'automne 69 d'expulser les voitures qui utilisaient la place Leclerc comme un parking qu'elle était devenue (cela dit, on ne m'empechera pas de penser qu'un parking ou se cotoient DS, 404, R 16, et autres 4CV, ça tient aujourd'hui de l'oeuvre d'art qui permet de frôler l'orgasme occulaire!). Ainsi l'Hôtel de Ville devenait le centre d'un grand giratoire, où la voiture-reine, symbole des années Pompidou, devait céder un peu de place.

Pour le rappel historique, Pierre Vertadier (1912-1995) fut le maire gaulliste de Poitiers de mars 1965 à mars 1977: sous ses deux mandats, la ville a basculé dans la modernité. La Place d'Armes est un élément de l'ensemble de son oeuvre, à qui, soit en tant qu'historien que je suis, sois en tant que vieux con que je suis aussi, je souhaite rendre hommage.

Alors voilà, pour la première fois depuis 1971, certains secteurs de la Place d'Armes ont revu le soleil, qu'ils n'avaient pas vu depuis fort longtemps. La place semble s'agrandir et s'éclaircir. Mais ces arbres étaient nécéssaires, histoire de mettre un brin de verdure sur ce coin, et aussi, histoire de faire un peu d'ombre.

Et en l'espace de quelques heures, c'est 40 ans de bons et loyaux services qui sont rasés, broyés, pulvérisés. Ainsi va la vie et le progrès. Et en espérant que le prochaine Place d'Armes (époque Claeys) ait une espérance de vie celle de l'époque Vertadier. Peut-être en reparlerons-nous en l'an 2050.