Qu'elle n'a pas été ma surprise, mon étonnement, de recevoir il y a quelques semaines de cela, cette lettre postée en 2013 avec des timbres...en Francs! Oui, nos bons vieux Francs retrouvent ainsi une seconde vie.
Et pourtant face à cela, rien d'anormal, et je vous transmets donc cette information dont j'ai pris connaissance il y a peu de temps: hormis les timbres à l'éffigie du Maréchal Pétain (période Etat français), il est en théorie possible d'envoyer sans problème une lettre avec des timbres d'il y a quinze, vingt, trente ans ou plus. Pour cela, c'est très simple: il faut que la somme convertie de vos timbres en Francs correspondent à la valeur d'affranchissement de la Marianne actuelle.
Ainsi: 1.1+0.8+2.2 = 4.10. Somme que l'on divise par 6.55957 et l'on obtient 0.625€. Soit quasiment les 0.63€ que valait alors la Marianne. Attention aux timbres en anciens francs, dont il faut au préalable diviser la valeur par 100.
En 2014, la Marianne valant désormais 0.65€, il faut donc poser l'équivalent de 4.26F de timbres. Toutefois, il est autorisé de cumuler timbres en francs et timbres en euros.
C'est à la fin des années 1990 que la valeur faciale de la Marianne a disparu. Ainsi, un timbre Marianne acheté il y a dix ans possède la même valeur d'affranchissement que la Marianne en vigueur.
Sur cet envoi, que trouvons-nous? Une marianne verte (la Sabine de Gandon, sur les timbres de 1977 à 1981) de 1979 ou 1980 (on notera que le mot FRANCE apparaissait alors, et qu'il fut remplacé par la mention République Française, ou RF, à partir de 1981 jusqu'au début des années 2000), un timbre commémortaif des 25 ans de l'ONU de 1970 et enfin un timbre représentant Notre-Dame de Paris de 1989.
Pour vos ami(e)s amatrices ou amateurs de vieux timbres, vous pouvez donc effectuer vos envois en toute sérénité, en prenant soin de bien effectuer le calcul mentionné précedemment. Précision ultime: bien entendu, vos timbres ne doivent pas avoir été déjà oblitérés.
ENVOYER DES CARTES DE VŒUX ne coûte pas cher à Jean-Claude Nachin. Toute l’année, et pas rien qu’au moment de se la souhaiter bonne, le philatéliste affranchit son courrier avec des timbres en franc. Dix ans après le passage à l’euro (le 1 er janvier 2002), les timbres émis dans l’ancienne devise sont toujours valables.
Depuis 1953 qu’il remplit des albums, le président de l’association philatélique de Montbéliard affirme être en mesure d’envoyer « 1.000 lettres par année pendant un demi-siècle » ! Mais pas n’importe comment. L’emploi de ces timbres d’un temps pas si lointain demande à l’expéditeur un petit travail de conversion.
Affranchir une lettre jusqu’à 20 g pour la France est aujourd’hui facturé 0,60 euro. Arrondi, cela fait 4 F. Il faut donc au philatéliste coller sur son enveloppe des timbres en franc à concurrence de ladite somme. « Je mets parfois six à sept timbres. Je ne les choisis pas au hasard, j’essaie de faire plaisir aux destinataires. Par exemple : à une connaissance qui aime la peinture, j’utilise des timbres sur divers tableaux », explique le passionné.
Le Montbéliardais a de quoi voir venir. « Dans les années 60 à 80, les timbres étaient imprimés en très grand nombre. Aujourd’hui encore, les stocks sont énormes ». La Poste n’en a plus, mais les classeurs de certains collectionneurs débordent. Tirage moyen à cette époque : 10 millions d’exemplaires. « Alors qu’aujourd’hui un timbre est imprimé à 2 millions d’unités », du fait d’un abandon progressif du courrier pour les courriels (les e-mails).
Attention, cependant, à ne pas lécher la gomme (le verso du timbre) de n’importe quel bout de papier dentelé ! Avec le temps, certains timbres ont pris de la valeur. Les utiliser comme une vulgaire Marianne (le timbre d’usage courant) reviendrait à couper un grand cru avec de la Badoit. Ensuite, l’utilisation des timbres en franc souffre quelques exceptions. Ne faites pas comme cette dame de Roches-lès-Blamont (Doubs) qui a affranchi une enveloppe avec des timbres à l’effigie du maréchal Pétain. Depuis que le héros de 14 a été mis au ban de la nation, « c’est interdit ». La lettre est tout de même parvenue à bon port. De même, gare à la valeur faciale du timbre. Cette personne croyait bien faire avec un timbre de 50 F. « Mais il s’agissait de 50 anciens francs, il en aurait donc fallu huit pour atteindre 4 francs, soit 0,60 euro », explique M. Nachin. Là encore, le facteur n’y a vu que du feu.
« Il m’arrive de réaliser des affranchissements composites : euro, ancien franc, nouveau franc », mais bonjour la conversion alors que La Poste semble avoir renoncé à se lancer dans des comptes d’apothicaires pour taxer les quelques tordus qui ont des timbres d’avant 2002 à écouler. « Au moins, si nous revenons au franc, nous serons au goût du jour… », conclut Jean-Claude Nachin.
Damien BESSOT
Entre La Poste et les philatélistes, le divorce n’est pas loin d’être consommé. Les seconds reprochent à la première le trop grand nombre de timbres émis chaque année. « On ne peut plus suivre. En 2011, acheter chaque nouveau timbre revenait à 330 euros. Il en sort de 130 à 150, alors qu’avant, c’était de 35 à 40. Et ils étaient plus beaux et avaient une visée pédagogique : ici un grand personnage, là un site ou monument ». Aujourd’hui, avec les timbres à créer soi-même («je n’appelle pas ça des timbres ») ou l’abandon progressif des timbres à date (le cachet avec le lieu où le pli a été posté), une majorité de collectionneurs a cessé d’acheter le programme annuel de La Poste où, prétendent les mauvaises langues, seules comptent les activités bancaires.