Intermittents et étudiants:
le combat de la précarité
La manifestation des intermittents du spectacle a été happée par celle des étudiants. Ces derniers et les artistes se sont unis pour un même combat: la lutte contre la précarité.
Mardi place d'Armes, à Poitiers: d'un côté, les intermittents du spectacle remontés contre le ministre de la Culture, de l'autre, les étudiants en colère fustigeant le gouvernement qui prend des mesures drastiques en limitant le nombre de postes aux différents concours d'enseignement sans parler du contrat premier embauche, qui a enflammé le mouvement. De bonnes raisons pour les deux cortèges qui ont décodé de n'en faire qu'un.
Après le blocus des UFR (Unité de formation de recherche) - sauf celle de droit - voté, le matin, à une large majorité, par près de 2.000 étudiants, ces derniers ont, l'après-midi, battu le pavé poitevin pour se faire entendre. Du bruit, il y en a eu. Des revendications aussi. Toujours les mêmes. Seule la détermination évolue. "Nous allons nous réunir après les vacances pour continuer le mouvement", annonce un jeune homme dégoûté par tant d'acharnement gouvernemental, "car la faculté va nous mener tout droit vers une situation précaire".
Même sentiment de précarité pour les intermittents rappelant que Renaud Donnedieu de vabre (ministre de la Culture) les "balade". 20.000 artistes sont sortis du système à cause des nouvelles règles et le "ministre n'a toujours pas pris ses responsabilités", note Francis Lebarbier, délégué régional CGT spectacle. Le seul syndicat à avoir appelé à la grève.
Après un arrêt devant la préfecture au son d'un djembé, le cortège est passé, sans un regard, devant la permanence du député UMP Jean-Yves Chamard gardée par les policiers, pour aller à la gare où une confrontation avec les policiers a eu lieu.
Quelque 1.500 personnes devant le hall ont défié droit dans les yeux la petite quinzaine de fonctionnaires alignés devant la porte d'entrée. Un passage en force des étudiants a permis de faire sauter le très léger dispositif policier. Les manifestants se sont ensuite dirigés vers les voies sécurisées par les responsables de la SNCF (les trains avaient été arrêtés en amaont et en avala de la gare) puis sont repartis après la première sommation avant d'aller vers la porte de Paris. Tout un symbole.
Le blocus de l'université jusqu'à demain
Environ 1.500 voix pour, 350 contre et 50 abstentions: réunis hier matin en assemblée générale, les étudiants grévistes de Poitiers ont voté à une très large majorité la poursuite du blocus de leurs facultés. Amorcé lundi, leur mouvement a pris de l'ampleur: beaucoup de cours n'ont pas eu lieu, ce mardi.
Seule faculté à échapper à ce blous, celle de droit. Portés par un succès dépassant leurs espoirs, les grévistes les plus déterminés affichaient hier après-midi la volonté de s'y rendre dès dès les premières heures, aujourd'hui, pour coinvaincre leurs camarades de se joindre à eux.
"Tous les étudiants se sentent concernés"
Nouveau durcissement du mouvement de protestation contre la diminution du nombre de postes ouverts aux concours de l'Education Nationale ou baroud d'honneur avant les vacances universitaires de la semaine prochaine? David Lucquiaud, l'un des porte-parole des étudiants grévistes, estimait pour sa part hier soir que la mobilisation ne s'arrêtera pas à cette semaine de blocus: "Tous les étudiants se sentent concernés. Il y a d'abord eu la diminution de postes au CAPES. Maintenant, il y a le CPE, la cerise sur le gâteau. Pour les sciences du sport, c'est le dernier cri de guerre mais pour les autres, c'est un commencement."
Le blocus voté hier matin doit rester en vigueur jusqu'à jeudi. Les grévistes ont prévu de tenir une nouvelle assemblée générale, ce 16 février, pour débattre des suites à doner à leur mobilisation de cette semaine, dès la rentrée. Ils ont notamment en ligne de mire un rassemblement national programmé en mars, à Paris, par les étudiants en sciences du sport. Compte tenu des mouvements en cours, ses organisateurs espèrent l'étendre à toutes les filières. Les Poitevins n'excluent pas d'organiser des quêtes, à l'issue de manifestation sportives ou culturelles, voire d'en organiser, pour récolter des fonds dans la perspective d'un tel déplacement.
D'ici là, ils veulent organiser une "journée d'information", ce mercredi. Ils ont de nouveau prévu de se rassembler à Rebeilleau, en fin de matinée.
La Nouvelle République, Mercredi 15 Février 2006.
Centre Presse, Mercredi 15 Février 2006.
7 Février 2006 : 3000 personnes dans les rues de Poitiers.
La veille: 13 Février 2006, avis de blocus sur le campus de Poitiers.
Le lendemain: 15 Février 2006: la fac de droit tombe sous le charme du blocus.