"De tous ceux qui n'ont rien à dire, les plus agréables sont encore ceux qui se taisent". Coluche, 1986.
Poitiers, Mardi 20 Novembre 2007.
Rien de moins que 25 communiqués UMP pour défendre Nicolas Sarkozy
LEMONDE.FR | 30.01.12 | 12h20
On les avait trouvés un peu "mollassons", dimanche 22 janvier, après le meeting de lancement de la campagne de François Hollande. Les "snipers" de l'UMP avaient tardé à réagir, et encore les réactions avaient-elles été quelque peu tâtonnantes. Depuis, vigoureusement admonestés, ils ont repris du poil de la bête. Jeudi 26, après la présentation de son projet par le candidat socialiste, pas moins de 23 communiqués du service de presse de l'UMP arrivaient dans les boîtes aux lettres électroniques des journalistes.
Dimanche soir, après la prestation télévisée de Nicolas Sarkozy, record battu : 25 communiqués de presse pour faire l'éloge du président sortant, sans compter la conférence de presse tenue au siège de l'UMP par son secrétaire général, Jean-François Copé. Autant de déclarations témoignant de l'immodéré engouement des troupes pour leur "espéré candidat" et de délicieuses variations sur le thème de l'hymne à l'amour.
Et le vainqueur de la soirée fut... Christian Estrosi. A 21h22, anticipant même la fin de l'entretien retransmis sur neuf chaînes, le député des Alpes-Maritimes saluait le "courage" du chef de l'Etat "pour réformer en profondeur notre pays jusqu'au dernier jour de son mandat". Se félicitant des "mesures antidélocalisation" annoncées par le président de la République, l'ancien ministre de l'industrie allait plus loin : "J'exige des entreprises quelles baisses [sic] leurs prix grâce aux allègements de charges patronales et que les entreprises où l'Etat est actionnaire donnent l'exemple immédiatement." Et le maire de Nice de conclure : "Alors que François Hollande vole l'élection aux Français en estimant qu'il est déjà président de la République, Nicolas Sarkozy lui protège les Français."
Franck Allisio, président des Jeunes actifs de l'UMP, n'est pas en reste pour saluer le "courage" de M. Sarkozy. "Plus que jamais, nous, les trentenaires, sommes convaincus que le changement, c'est depuis cinq ans et que c'est avec Nicolas Sarkozy. Plus que jamais, nous sommes convaincus que le courage, c'est maintenant et c'est avec Nicolas Sarkozy. Plus que jamais, nous en appelons à cinq années supplémentaires de courage et de changement pour la France !"
"CELA S'APPELLE LE COURAGE POLITIQUE !"
"Le président de la République, avec lucidité, vient d'annoncer des mesures extrêmement fortes et courageuses, se félicite à son tour le ministre chargé des relations avec le Parlement, Patrick Ollier. Ses actions ne sont dictées que par la responsabilité qu'il a envers tous nos concitoyens et non par la démagogie et l'incantation. Cela s'appelle le courage politique."
Devancé d'une courte tête par son compère des Jeunes actifs, le président des Jeunes populaires, Benjamin Lancar, tente de combler son retard : "Nicolas Sarkozy continue de rejeter la fatalité, l'inaction et l'impuissance, et fait le choix du courage, de l'ambition et du rayonnement de la France, salue-t-il. Notre jeunesse n'a jamais connu un président de gauche. Ce soir, elle se rend compte de sa chance d'avoir comme chef de l'Etat un homme qui fait preuve de courage et sait décider pour l'avenir de chaque Française et chaque Français."
Thierry Mariani, ministre des transports et conseiller politique de l'UMP, cofondateur de la Droite populaire, "salue le discours de vérité d'un président de la République en action, courageux et responsable qui n'hésite pas à briser les tabous de la société française". Dénonçant les "incantations démagogiques, archaïques et inopportunes" du candidat socialiste, il relève que "le président de la République a montré sa pleine et entière détermination à être au service des Français et de la France jusqu'au terme de son mandat".
"LUCIDE, CLAIR, COHÉRENT ET DÉTERMINÉ"
Député (UMP) des Yvelines et président du Cercle Nation et République, Jacques Myard souligne la "totale sérénité" du président de la République. "En annonçant une hausse, au demeurant très limitée, de la TVA et de la CSG pour financer le système social, le président a pris une mesure inéluctable qui s'imposera à tout gouvernement quelque soit [sic] sa couleur politique", ajoute-t-il.
La secrétaire d'Etat chargée de la santé, Nora Berra, est presque en manque de qualificatifs après la prestation de son chef : "Lucide, clair, cohérent et déterminé, le président de la République a tenu un langage sincère et authentique que les Français apprécieront, il a annoncé des décisions claires, significatives et rapides. En un mot, il a pris dignement ses responsabilités dans l'intérêt des Français." Chapeau !
Pas mal non plus le communiqué de Marie-Anne Montchamp, ex-villepiniste devenue sarkozyste inconditionnelle depuis qu'elle est entrée au gouvernement. "Ce soir le Président de la République a balayé tous les conformismes et toutes les postures démagogiques. Déterminé, il est aux avant-postes avec lucidité, volontarisme et courage, salue la secrétaire d'Etat aux solidarités. Nicolas Sarkozy a refusé l'immobilisme et la mise à l'arrêt du pays pour convenance personnelle, assumant totalement le risque de l'action dans le seul intérêt de nos compatriotes." La barre est placée haut.
Henri de Raincourt la relève. "Dans un propos lucide et courageux, transparent et authentique, le chef de l'Etat a clairement désigné l'adversaire : le chômage, estime le ministre de la coopération. Ces mesures sont concrètes, cohérentes et réalistes. Elles sont portées par le chef de l'État qui entend assumer ses responsabilités, quel que soit le calendrier électoral. Cela s'appelle le courage et le sens de l'intérêt général."
"AUTHENTIQUE ET COURAGEUX"
Entretemps, le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, a tenu un point presse au siège du parti. "Le président a tracé, éclairé un chemin avec, certes, des efforts, des décisions courageuses, mais aussi une espérance, s'est félicité M. Copé. Le premier message de Nicolas Sarkozy est un message que nous pouvons tous partager : le principal, pour ne pas dire le seul adversaire de la France, ce n'est pas le monde de la finance, c'est le chômage."
Ses acolytes ne relâchent pas pour autant leurs efforts. Le secrétaire général adjoint, Marc-Philippe Daubresse, ne manque pas de souligner que, "face à une crise d'une ampleur sans précédent, le chef de l'Etat a démontré sa détermination à agir sans relâche pour protéger l'emploi des salariés français et restaurer la compétitivité de nos entreprises". " Nous avons entendu ce soir un président authentique et courageux, concentré sur les décisions à prendre et déterminé à maîtriser le destin de la France ", ajoute le député du Nord.
"TRÈS PÉDAGOGUE ET TRÈS CONCRET"
La députée européenne Constance Le Grip, ancienne conseillère à l'Elysée, salue un chef de l'Etat "très pédagogue et très concret". "Lucidité sur le diagnostic, détermination et courage dans l'action de réforme, sincérité et précision dans l'explication aux Français : le chef de l'Etat est le seul à même de poursuivre le travail de préparation de l'avenir de la France et des générations futures", conclut-elle.
Renaud Muselier, député des Bouches-du-Rhône, a trouvé, lui, "un président de la République déterminé et rassurant". Il est convaincu que "les Français sauront reconnaître le courage et la hauteur de vue de Nicolas Sarkozy dans la tenue de ce discours de vérité". Un autre Marseillais lui succède. Jean-Claude Gaudin, sénateur des Bouches-du-Rhône, se dit "persuadé que, comme les sénateurs UMP, nos compatriotes ont compris et approuvé ce langage de courage, de vérité et de sincérité".
"CONCENTRÉ, RIGOUREUX" ET "DÉTERMINÉ"
Bruno Beschizza, secrétaire national de l'UMP, "salue le discours courageux du président de la République sur la nécessité de continuer les réformes afin de lutter contre le véritable ennemi de notre économie : le chômage". "Face à la crise, Nicolas Sarkozy fait le choix du courage et de la vérité", approuve le futur candidat aux élections législatives en Seine-Saint-Denis.
Récemment promue secrétaire nationale de l'UMP et elle aussi future candidate aux législatives, dans le Nord, Salima Saa se félicite que Nicolas Sarkozy ait eu "le courage de s'attaquer au chômage des jeunes et des peu qualifiés". "Nous avons vu ce soir un président de la République lucide sur l'état de la crise, qui recherche des résultats sans relâche et qui ne désarme pas devant la tâche à accomplir. Il y a dans son action une détermination et une authenticité qui témoignent de son engagement sans faille aux côtés des Français", conclut-elle.
"A l'heure où certains battent la campagne électorale et se complaisent dans des postures démagogiques, Nicolas Sarkozy choisit le parti pris de l'action et du courage politique", insiste à son tour Franck Riester, député de Seine-et-Marne. Suivi de Catherine Vautrin, députée de la Marne, qui juge que, "à l'opposé des rêves bon marché du PS, le président de la République a fait preuve d'authenticité et de sincérité". "Nous avons entendu un président concentré, rigoureux et dont la détermination est sans faille", ajoute-t-elle.
Camille Bedin, secrétaire nationale de l'UMP, ne dit pas mieux : "Le président de la République, Nicolas Sarkozy, a fait preuve d'une détermination sans faille à placer l'emploi au cœur de son action. Il maintient le cap d'une action cohérente dans la durée, une action courageuse face à la crise, une action de sincérité pour des Français qui attendent des réponses concrètes." Et Jonas Haddad non plus, pour qui "le président de la République a osé un discours en opposition au discours d'assistanat sur la jeunesse".
Valérie Rosso-Debord, députée de Meurthe-et-Moselle et déléguée générale adjointe de l'UMP, "salue le grand courage dont a fait preuve le président de la République lors de son intervention télévisée". Elle précède de peu Sébastien Huyghe, député du Nord, pour qui, "face à la crise et à ses nombreux soubresauts, le président de la République a, en vérité et en responsabilité, pris les mesures courageuses qui s'imposaient pour protéger la France et les Français".
Cette fois, donc, la tactique du "carpet bombing" (pilonnage) des communiqués a bien fonctionné. Trop de louanges ne risque-t-il pas, cependant, de tuer la louange ?
Patrick Roger