1974: ANNEE PLACEE SOUS LE SIGNE DE L'INQUIETUDE
L'année 1974 se meurt. Pour les Poitevins, comme pour l'ensemble des cityens de France, cette année 1974 restera celle de l'inquiétude née d'une crise économique due, pour une grande part, à l'inflation du prix du pétrole. Les conséquences ont été lourdes: beaucoup d'entreprises en difficulté, des craints de chômage et un malaise qui se prolonge.
Puisse l'année qui va naître apporter quelque apaisement!
Sur le plan local, l'année 1974 restera dans les annales comme celle de la naissance de la région Poitou-Charentes, de la visite du président Pompidou à Poitiers (la dernière ville visitée par le Chef de l'Etat avant sa mort) et celle des élections présidentielles.
Les Poitevins, abonnés au téléphone, n'oublieront pas plus les avatars qu'ils ont connus avec l'incendie constaté au central Platon.
Sur un plan positif, 1974 aura vu la période d'achèvement des travaux de raccordement de la Pénétrante Est au parking de la place Notre-Dame. C'est là un espoir réel pour une recherche sérieuse de l'amélioration de la circulation à Poitiers. Espérons que bientôt, les travaux prendront fin.
Autre point positif, la fin des travaux (en vue) au Centre Culturel Sainte-Croix qui permettra à Poitiers de confirmer sa vocation de capitale culturelle d'une région qui se veut, et qui est en pleine vitalité.
7 JANVIER: LA REGION VOIT LE JOUR
A la préfecture, la région voit le jour le 7 janvier. Il s'agit d'une région nouveau style, car l'idée n'est pas entièrement neuve. M. Lucien Grand, sénateur de Charente-Maritime, et président du conseil général de ce département, est élu président du conseil régional, les vice-présidents étant M. Pascaud, président du conseil général de Charente, M. Trehle, président du conseil général des Deux-Sèvres, et M. Bouloux, sénateur de la Vienne.
M. Georges Chavanes, qui avait été président de la CODER, industriel à La Rochelle, est élu président du comité économique et social, les vice-présidents étant M. Octave Renault (Deux-Sèvres), M. Constant Brisson (Charente-Maritime) et M. Dominique Machet de la Martinière (Vienne). Quelques jours plus tard, le premier budget a été voté.
24 JANVIER: Le président Georges Pompidou à Poitiers
Accompagné de M. Marcellin, ministre de l'Intérieur; de M. Guichard, ministre de l'Equipement; de M. Peyrefitte, ministre de la Réforme administrative, et de M. de Lipkowski, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, le président Georges Pompidou est accueilli à Poitiers par M. Vertadier, secrétaire d'Etat à l'Intérieur, maire de Poitiers, et par M. Lucien Vochel, préfet de la région Poitou-Charentes.
Dans l'un des discours prononcés à Poitiers, le président Pompidou demande "deux mois pour adapter la politique aux circonstances". Deux mois et quelques jours plus tard, le président Pompidou meurt à Paris.
Poitiers s'associera au deuil national: le jeudi 4 avril, les cloches sonnent le glas, un message de M. Fontanet, ministre de l'Education nationale, est lu dans les écoles et les salles de spectacles font relâche. Le samedi 6, une cérémonie religieuse est célébrée à la cathédrale.
DANS LA NUIT DU 10 AU 11 MARS
PLATON BRULE: 6.000 abonnés privés du téléphone...mais les P.T.T. battront les records pour rétablir la situation
Les Poitevins se souviendront de l'aventure survenue dans la nuit du 10 au 11 mars au central E. 10 plus connu sous le nom de Platon (rien à voir avc le philosophe grec, il s'agit de sigle). Cette nuit-là, Platon brûla et, 6000 abonnés au téléphone de Poitiers et du proche voisinage furent réduits au silence.
Ce central avait été mis en service le 22 juin 1973 et était porteur de belles promesses. Le soir même du sinistre 140 abonnés prioritaires furent raccordés grâce à des moyens d'urgence exceptionnels. 400 autres le furent dans les jours suivants, puis une nouvelle vague de 1500 abonnés.
Il faut signaler l'effort des spécialistes des P.T.T. qui battirent tous les records. On avait prévu un délai de quatre mois pour une remise en ordre totale. En fait, fin avril, tous les abonnés avaient à nouveau la possibilité d'user du téléphone.
Le 24 janvier, Poitiers a reçu la visite officielle du président de la République, le 11 mai, c'est le futur président qui vient faire campagne dans la capitale du Poitou. Accompagné de M. Poniatowski, alors ministre de la Santé Publique, le ministre de l'Economie et des Finances Valéry Giscard d'Estaing, sous le chapiteau d'un cirque planté près des Arènes, s'adresse aux Poitevins en tant que candidat à la présidence de la République. Le style de cette réunion est inspiré des campagnes à l'américaine et la foule chante "la victoire en chantant".
Le 19 mai, jour du second tour des élections présidentielles Valéry Giscard d'Estaing obtient 51.78 pour cent des suffrages et François Mitterrand 48.21 pour cent.
DEUX ANCIENS PREMIERS MINISTRES A POITIERS
Les deux anciens Premiers ministres du président Pompidou sont venus à Poitiers en 1974. Le 26 avril, dans les salons de Blossac, M. Jacques Chaban-Delmas a exposé le sens de sa candidature à la président de la République; le 10 octobre, M. Pierre Messmer a remis la rosette de la Légion d'Honneur à M. Pierre Vertadier, maire de Poitiers.
Autres personnalités en visite à Poitiers; MM. Jean-Jacques Servan-Schreiber (le 3 mars), François Luchaire (le 12 mai) et Alexandre Sanguinetti (le 24 novembre).
Du côté du spectacle: les "Who" les "Pink Floyd" et le cinéma allemand battent les records
Grâce aux Arènes, Poitiers peut recevoir la foule. C'est ainsi qu'à deux reprises, cette année, des records d'affluence ont été battus le 15 février avec les "oeho W" et le 20 juin avec les "Pink Floyd". Dans les deux cas, le cap des 10.000 spectateurs a été dépassé.
C'est plus de 10.000 entrées aussi qu'on a notées lors de la semaine du cinéma allemand (en février).
Côté spectacles, on peut noter aussi la venue de Dalida, de Nicoletta et des Compagnons de la Chanson, à la foire-exposition; de Michel Torr et de Thierry Le Luron à Mousac; d'Yves Lecoq, de Daniel Guichard et de Raymond Devos ainsi que celles de Jacques Martin, de Claude Nougaro, de Frédéric Mey, de Michel Drac et de Marie-José Nat sans oublier Cora Vauclar et Iannis Xenakis et tant d'autres, ni Jean Yanne qui avec ses Chinois a fait escale en gare de Poitiers.
Le théâtre amateur se meurt un peu, mais quelques spectacles ont été donnés cette année à Château-Larcher, à Lencloître, à Marigny-Brizay, à Romagne, à Montmorillon et à Rouillé.
Des misses et un "monsieur"
Au cours de 1974, plusieurs misses ont été élues? Mlle Monique Lacotte, miss Vienne a été élue première dauphine de la reine du Centre-Ouest, Mlle Brigitte Petit également miss Vienne, a été élue dauphine de miss Poitou. Il y a aussi "Monsieur Poitiers 74", M. Raymond Leporse.
Sur la route, l'année 1974 aurait pu être une anée calme, ce calme étant la conséquence prévisible de l'augmentation du prix de l'essence et de l'incitation à l'économie. En fait, la densité de circulation a connu un fléchissement de très faible ampleur (un peu plus de 2 pour cent sur le plan national).
Dans la Vienne, la circulation a été marquée par de nombreux bouchons sur le R.N.10 dans sa partie nord à Dangé et à la Tricherie et dans sa partie sud à Couhé-Vérac. C'est ce que nous a dit, preuves à l'appui, le lieutenant Nicolas, responsable de Brigade Motorisée Motocycliste qui sillonne les routes de la Vienne a longueur d'année.
La conséquence a été un grand nombre d'accidents. Selon toute probabilité, le nombre des accidents sera plus faible qu'en 1973 mais les résultats seront plus meurtriers. En 1973, la Gendarmerie Nationale a enregistré 95 morts sur ls routes de la Vienne - non compris les morts dans les agglomérations telles Poitiers et Châtellerault. Ce chiffre est hélas dépassé. Le moment le plus cruel de l'année s'est situé entre le 18 et 22 juillet, on a compté 14 morts sur les routes de la Vienne, depuis de graves accidents ont été signalés tel celui survenu à Virollet, toujours sur la R.N.10, le 25 novembre.
Une fois de plus, on ne peut que recommander aux usgares de la route la plus grande des prudences.
La Nouvelle République, Vendredi 27 Décembre 1974.