Assez hallucinant de constater que quasiment 10 ans jour pour jour, Nicolas Sarkozy repart à l'assaut de la même forteresse. Avec la même issue?
Déjà en 2004, un affaire de gros sous: un congrès au Bourget à 5 Millions d'euros
Déjà un hommage à Alain Juppé, perdant malgré lui
France 2, 20h, Béatrice Schönberg, Dimanche 28 Novembre 2004.
La polémique du coût du congrès
France 3, le 19/20 Jeudi 25 Novembre 2004.
Le "projet sarkozyste" après la prise du pouvoir
France 3, le 19/20, Catherine Matausch, Vendredi 26 Novembre 2004
La journée des militants "sarkophiles"
France 2, 20h, Dimanche 28 Novembre 2004.
Rappel des résultats: N. Sarkozy: 85.1%; N. Dupont-Aignan: 9.1% et C. Boutin: 5.8%
Participant(e)s au vote: 70830 adhérent(e)s.
Six mois, le constat de la "liquidation" du chiraquisme au sein de la structure "gaulliste"
LE MONDE | 11.05.2005 à 13h28 • Mis à jour le 11.05.2005 à 14h41 | Par Philippe Ridet
Depuis un mois, dans le hall d'accueil du siège de l'UMP, rue La Boétie à Paris, un écran lumineux égrène le chiffre des nouvelles adhésions enregistrées depuis le mois de septembre 2004, date à laquelle Nicolas Sarkozy s'est déclaré candidat à la présidence du parti. Mardi 10 mai, celles-ci s'élevaient à 30 084 pour un total de 127 800 adhérents. Le calcul est simple : d'après le décompte de l'UMP, un quart des militants ont rallié récemment le parti majoritaire, anticipant ou suivant l'élection de son nouveau président.
"Chirac ? Il ne faut pas leur en parler. Ça les énerve, raconte Eric Raoult, député de Seine-Saint-Denis, qui fit pourtant toutes les campagnes du président de la République. Quant à Juppé, il a été passé par pertes et profits." "Je suis obligé de rappeler à certains militants de mettre des photos du chef de l'Etat lors de nos réunions pour le référendum. Les nouveaux oublient facilement" , explique un élu. "Ils viennent pour Sarkozy, et rien que pour lui, témoigne Yves Jégo, proche du président de l'UMP et chargé des nouvelles adhésions. C'est l'homme qui les intéresse. Ce qu'ils veulent c'est préparer l'avenir avec lui."
Pour M. Sarkozy, préparer l'avenir c'est d'abord préparer la présidentielle de 2007, fût-ce sous couvert du référendum. A cet égard, les nouveaux adhérents de l'UMP sont appelés à prendre une place déterminante dans le dispositif imaginé pour désigner le candidat du parti à l'élection suprême. Et personne dans l'entourage de M. Sarkozy ne doute de leur vote le moment venu : "Il n'y pas de raison qu'ils ne le suivent pas quand ils devront assumer un choix, y compris face à Chirac" , explique M. Jégo.
Cette situation a commencé d'alarmer les chiraquiens et les juppéistes. Xavier Darcos, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, s'est récemment ému de l'arrivée massive de nouveaux adhérents qui modifient en profondeur la sociologie du parti.
Un responsable de fédération juppéiste qui a vu le nombre de ses militants quasiment doubler en six mois note que ces nouveaux membres sont "plus jeunes, plus libéraux, plus à droite" . "Leur première passion, c'est Sarko. Leurs votes lui seront acquis" , note-t-il avec fatalisme.
Que faire ? Après avoir renoncé à présenter un candidat contre lui à la présidence de l'UMP et constaté qu'il ne s'asphyxiait pas dans ses nouvelles fonctions, les chiraquiens ne peuvent s'opposer à la transformation de l'ancien parti du président en parti du candidat. L'accusation d'OPA hostile ne tient pas. Parmi les militants qui ont élu M. Sarkozy à la tête du mouvement le 28 novembre 2004, la plupart avaient voté pour M. Juppé deux ans plus tôt et soutenu Chirac quand ils étaient au RPR. "Il n'y pas eu de "déchiraquisation" brutale, explique un cadre de la rue La Boétie. Mais une "sarkozisation" en douceur." La preuve ? La plupart de ceux qui exerçaient des responsabilités au côté de M. Juppé sont restés en poste, tel le député de l'Aube François Baroin ou Jérôme Peyrat, directeur général du parti. Des juppéistes comme le trésorier Eric Woerth ou les porte-parole Luc Chatel et Valérie Pécresse sont restés en place, permettant à M. Sarkozy de se poser en rassembleur : "On m'accuse de déchiraquiser le parti, se défend-t-il. Mais l'UMP que je préside est plus ouverte que ne l'était le RPR de Chirac." Il ajoute : "Je ne demande à personne de renier Chirac."
"SANS TUER LE PRÉSIDENT"
Renier Chirac. Pour l'heure aucun des soutiens du chef de l'Etat n'a publiquement pris fait et cause pour son rival. Mais certains commencent à trouver le temps long, attendant de l'Elysée un ordre de bataille qui ne vient pas. Paix armée ou drôle de guerre, les escarmouches ont cessé entre les deux camps à la faveur de la campagne référendaire. M. Baroin se dit aujourd'hui rassuré par le calendrier de M. Sarkozy qui, en repoussant à la fin de 2006 le choix du candidat de l'UMP, permet à M. Chirac de se sentir "libre le plus longtemps possible" . "Il ne faut pas donner l'impression de vouloir tuer le président" , explique plus crûment le ministre de la santé, Philippe Douste-Blazy. De son côté, le premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, en appelle à la raison : "Jamais le parti ne devra apparaître comme étant contre le président" , confiait-il récemment à ses visiteurs.
M. Sarkozy, lui, feint de jeter les vieilles rancunes à la rivière. A un chiraquien historique qui lui avait écrit pour le féliciter d'avoir retrouvé son siège de député des Hauts-de-Seine, M. Sarkozy a répondu simplement "merci" . Et il a signé, comme si les batailles passées étaient oubliées, "ton ami" . Le destinataire n'en est pas revenu.
Philippe Ridet